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ANALYSE – Wagner s’efface, Pékin avance : La lente conquête sécuritaire de la Chine en Afrique

Un drapeau chinois flotte en premier plan devant une ville sahélienne, tandis qu’un véhicule militaire lourd, occupé par des soldats armés, surveille l’horizon – illustrant la montée en puissance sécuritaire discrète de la Chine en Afrique.
Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Olivier d’Auzon

Au cœur du Sahel, dans les couloirs poussiéreux des ministères en mal de stabilité, une relève discrète s’organise. Alors que la Russie réoriente ses priorités vers l’Ukraine, les mercenaires du groupe Wagner, longtemps bras armé officieux de Moscou sur le continent africain, battent en retraite. Dans l’ombre de ce retrait, un autre acteur, moins bruyant mais redoutablement efficace, tisse sa toile : la Chine.

Les sociétés de sécurité privées chinoises, encore peu connues du grand public, étendent méthodiquement leur influence en Afrique. Officiellement, ces entités ne sont pas armées. Le droit chinois leur interdit en effet de porter des armes à l’étranger. Pourtant, leur présence devient chaque jour plus visible autour des sites miniers, des projets d’infrastructure et des corridors logistiques estampillés « Belt and Road Initiative ».

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Une influence sans uniformes, mais non sans stratégie

À la différence de leurs homologues russes, les sociétés de sécurité chinoises ne cherchent ni à déstabiliser des régimes, ni à mener des opérations de combat. Leur rôle se limite — officiellement — à protéger les ressortissants chinois, les chantiers de BTP, les convois de marchandises ou encore les navires opérant au large de la corne de l’Afrique. Elles incarnent une forme de présence sécuritaire sobre et disciplinée, alignée sur la doctrine officielle de Pékin : non-ingérence et respect de la souveraineté.

En réalité, leur mode opératoire est plus souple qu’il n’y paraît. Privées d’armes, ces entreprises s’allient à des milices locales, concluent des partenariats avec des firmes africaines, ou collaborent discrètement avec les forces de sécurité des États hôtes. Une sécurité par procuration, qui permet à la Chine de préserver ses intérêts sans provoquer les chancelleries occidentales.

Une montée en puissance opportuniste

Ce n’est pas un hasard si cette montée en puissance intervient alors que Wagner recule. L’Afrique est devenue un terrain stratégique de rivalités géopolitiques, et Pékin entend bien y consolider ses positions. Dans plusieurs pays francophones, où les relations avec Paris se sont dégradées, la Chine apparaît désormais comme une alternative plus prévisible, moins intrusive, mais tout aussi déterminée.

La multiplication des projets d’infrastructure, des ports aux chemins de fer, exige une sécurité robuste. À défaut de pouvoir compter sur les forces locales, souvent sous-équipées et débordées, Pékin apporte sa propre solution : une privatisation feutrée de la sécurité, sans drapeau ni canon.

Un marché lucratif, mais hors des radars

Ce modèle, s’il est efficace, soulève des questions. Ces sociétés opèrent dans un vide juridique préoccupant. Leurs relations avec les gouvernements africains manquent de transparence. Leur proximité avec certaines élites locales, parfois corrompues, pourrait fragiliser encore davantage des institutions déjà poreuses.

Au nom de la sécurité des investissements, Pékin risque ainsi de s’enliser dans des jeux politiques locaux, contredisant sa doctrine de neutralité. Car protéger un pipeline ou une mine, c’est aussi — indirectement — soutenir les forces qui les contrôlent.

Un basculement stratégique silencieux

Ce que l’on observe aujourd’hui n’est rien de moins qu’un changement de paradigme sécuritaire. Là où la Russie déployait des mercenaires au front, la Chine installe des agents discrets dans les arrière-cours du pouvoir. Là où Wagner incarnait la force brutale, les entreprises chinoises misent sur la durabilité, la légalité apparente, et l’efficacité contractuelle.

L’Afrique, de plus en plus fragmentée dans son paysage sécuritaire, devient le théâtre d’une nouvelle forme de guerre d’influence — une guerre des nerfs, menée à coups de devises, de contrats, et de gardes silencieux.

Dans ce jeu d’échecs planétaire, Pékin avance ses pions sans faire de bruit. Mais avec une constance stratégique que ses rivaux auraient tort de sous-estimer.

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