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TERRORISME – Le GSIM règne presque sans partage sur le Sahel central

 jihadistes armés dans un paysage du désert du Sahel
Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Olivier d’Auzon

Depuis le coup d’État au Niger, survenu le 26 juillet 2023, le paysage stratégique de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel central a été bouleversé. Alors que les armées du Mali, du Burkina Faso et du Niger tentent une union sans précédent sous leurs régimes militaires pour contrer les groupes djihadistes, un paradoxe inquiétant émerge : les grandes franchises djihadistes, notamment le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), branche locale d’Al-Qaïda, renforcent leur domination et cessent de s’affronter pour stabiliser leurs zones d’influence respectives, souligne volontiers Nathalie Prevost pour Mondafrique, le 13 janvier 2025

Une suprématie établie sur plusieurs fronts

Dans son analyse, Nathalie Prevost met en lumière la montée en puissance du GSIM, qui devient la principale force militaire djihadiste non seulement au Sahel mais potentiellement dans le monde. « Leur stratégie de contrôle territorial s’étend désormais du Mali central au nord du Bénin, dessinant des poches d’influence qui défient les armées nationales », explique-t-elle.

Au Mali, le GSIM continue d’avancer sur plusieurs fronts. Dans le delta central, il force les populations locales à se déplacer, notamment dans les zones de Bandiagara et Bankass, tout en affaiblissant les milices dogons comme Dan Nan Ambassagou, autrefois soutenues par l’armée malienne. Même Bamako n’est pas épargnée, comme en témoigne la double attaque meurtrière de septembre 2024, qui a frappé l’aéroport et une école de gendarmerie.

Le grand nord :  Â« Le rapprochement entre djihadistes et rebelles pourrait redessiner les équilibres déjà fragiles dans cette région »

Dans les vastes étendues désertiques du nord, une alliance inédite se dessine entre le GSIM et les groupes rebelles touaregs du Front de Libération de l’Azawad (FLA). Cette manÅ“uvre, orchestrée par Iyad Ag Ghali, leader emblématique du GSIM, met en exergue une capacité de négociation et de coopération qui inquiète. « Le rapprochement entre djihadistes et rebelles pourrait redessiner les équilibres déjà fragiles dans cette région », note Nathalie Prevost.

Ce territoire, marqué par des exactions répétées des mercenaires de Wagner et de l’armée malienne, a vu fuir plus de 100 000 civils vers la Mauritanie. Dans le même temps, des soutiens discrets de l’Occident, notamment de l’Ukraine et de la France, semblent s’esquisser en faveur des rebelles, bien que ces interventions restent marginales pour l’instant.

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L’État islamique en recul

Face à l’ascension d’Al-Qaïda, l’État islamique semble acculé. Confiné au Liptako-Gourma, il a perdu son accès stratégique au golfe de Guinée après avoir été expulsé du parc naturel du W, désormais sous le contrôle du GSIM. Ses tentatives d’expansion, notamment vers la Libye et le nord-est du Niger, traduisent une stratégie de survie plutôt qu’une réelle offensive.

Dans certaines régions comme Tera, dans l’ouest du Niger, des attaques sporadiques contre des cibles civiles et militaires montrent un groupe sous pression mais toujours actif. Toutefois, comme le souligne Nathalie Prevost, « l’EI semble désormais opérer en périphérie, cherchant des niches où maintenir son influence ».

Le golfe de Guinée, une cible stratégique pour le GSIM

Au sud, le GSIM se positionne pour étendre son contrôle vers le golfe de Guinée, considéré comme une profondeur stratégique. Les incursions récurrentes dans le nord du Bénin, du Togo et du Ghana confirment cette ambition. En réponse, des tensions communautaires grandissantes, notamment envers les populations peules, exacerbent le conflit et facilitent le recrutement des groupes djihadistes.

Une armée de l’ombre bien structurée

Pour asseoir sa domination, le GSIM investit dans la formation de forces d’élite. Sous la supervision d’un formateur yéménite, près de 600 combattants ont été formés en techniques avancées de combat et dans l’utilisation de véhicules kamikazes. Cette organisation décentralisée mais solidaire confère au GSIM une redoutable efficacité. « La capacité du GSIM à s’organiser localement, tout en mobilisant des renforts externes, lui donne un avantage décisif sur ses rivaux », affirme Nathalie Prevost.

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Une menace en expansion

Avec des financements provenant de l’exploitation des mines d’or artisanales et des rançons, le GSIM dispose des ressources nécessaires pour poursuivre son expansion. Les propos récents de Mahmoud Barry, porte-parole de la Katiba Macina, annonçant une nouvelle phase de guerre visant les grandes villes, ne font que confirmer l’ampleur de la menace.

Une crise régionale aux répercussions mondiales

« Le GSIM règne presque sans partage sur le Sahel central, illustrant l’incapacité des États locaux et de leurs partenaires à contenir sa progression », conclut Nathalie Prevost. Avec des ramifications potentielles jusqu’au golfe de Guinée et une sophistication accrue de ses opérations, le groupe incarne une nouvelle phase du djihadisme transnational.

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