PORTRAIT : Armand-Emmanuel du Plessis de Richelieu : le fondateur d’Odessa

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Armand-Emmanuel du Plessis de Richelieu
Armand-Emmanuel du Plessis, duc de Richelieu (huile sur toile de Thomas Lawrence, Royal Collection, 1818)

Par Charles de Blondin, fondateur et le rédacteur en chef du média Billet de France

Armand-Emmanuel du Plessis de Richelieu est un officier, diplomate et homme politique français. Il est célèbre pour avoir fondé et gouverné la ville d’Odessa sur la mer Noire.

Les premiers liens entre l’Ukraine et la France remontent au milieu du XIe siècle. A cette époque, une délégation française est envoyée pour demander la main d’Anne de Kiev pour le compte du roi de France, Henri Ier. Leur union permettra de perpétuer la dynastie des Capétiens qui règnent sur le royaume de France. Depuis, les relations se sont distendues. Quelques milliers de Cosaques seraient venus s’enrôler dans l’armée du Grand Condé au XVIIe siècle. Mais il faudra attendre la fin du XVIIIe siècle avec l’arrivée du duc de Richelieu pour qu’une présence française se développe au travers de la ville d’Odessa qui accueillit des émigrés français ayant fui la terreur révolutionnaire.

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Le « père fondateur »

Né le 25 septembre 1766, Armand-Emmanuel du Plessis de Richelieu est le petit-fils du maréchal de Richelieu. En 1785, il est admis dans les régiments de dragons de la reine Marie-Antoinette. Capitaine dans un régiment de Hussards en 1789, Marie-Antoinette lui demande de rejoindre Vienne l’année suivante pour s’entretenir avec l’empereur Joseph II d’Autriche lequel pourrait être un allié de taille en pleine révolution française. L’empereur Joseph étant mort à son arrivée, Richelieu participe au couronnement de son successeur, Léopold II et en profite pour rejoindre l’armée russe contre les Ottomans. Il participe à la prise de la ville d’Izmaïl, non loin d’Odessa et reçoit pour bravoure de la main de Catherine II de Russie, l’ordre de Saint-Georges. Après un bref retour en France au service de Louis XVI puis un passage dans l’armée des émigrés, il rejoint les troupes russes où il est promu général de corps d’armée.

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En 1803, le nouvel empereur de Russie, Alexandre Ier le nomme gouverneur de la ville d’Odessa et de la « Nouvelle Russie », territoire comprenant une partie de l’actuel Moldavie, le long de la Mer Noire, jusqu’à Donetsk en mer d’Azov. Très vite, il mène une politique de développement de ce qui est encore un village et qui deviendra en quelques années une capitale de province. Aujourd’hui encore, Odessa garde le souvenir de cette figure populaire dont une statue trône dans le centre-ville, non loin du port. Actuellement, la guerre en Ukraine rend difficile sa visibilité, le port étant fermé à toute circulation. En 1812, alors que la peste fait des ravages, il reste fidèle à son poste et prend les décisions nécessaires pour sortir la ville du cauchemar.

Le retour en France

En 1814, Richelieu se voit rétablir ses anciennes charges par le nouveau roi Louis XVIII. Il est nommé Pair de France et premier gentilhomme de la Chambre. Lors du retour de Napoléon de l’île d’Elbe, il reste fidèle au roi et va défendre ses intérêts auprès du tsar Alexandre. Lors de la Seconde restauration, il rentre en France et se met au service du roi en tant que chef de gouvernement. La mission est délicate : les tensions entre royalistes, républicains et bonapartistes est à son comble. Ses liens avec la Russie lui permettent d’obtenir quelques concessions lors de la signature du second traité de Paris. Il perçoit ce document comme une humiliation : la France est ramenée à ses territoires de 1790, elle doit subir pendant 3 ans une occupation militaire et doit s’acquitter d’une indemnité de guerre de 700 millions de francs.

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La même année, les milieux royalistes s’agitent contre les partisans des Cent-Jours. La loi sur les cris et écrits séditieux est votée en novembre 1815. Qualifiée de « terreur légale » par ses détracteurs, elle permet d’arrêter des dizaines de milliers de personnes et de destituer de très nombreux fonctionnaires. Cette période se termine par la condamnation à mort du maréchal Ney. Après avoir pressé l’Empereur Napoléon Ier d’abdiquer à Fontainebleau, il est l’un des premiers maréchaux à se rallier aux Bourbons en 1815 ce qui lui vaut autant de respect de la part de Louis XVIII qui le comble d’honneur, que de mépris par la classe aristocratique. Ney se rallie à nouveau à Napoléon pendant les Cent-Jours après avoir promis au roi de le « ramener dans une cage de fer ». Richelieu en profite pour faire voter une loi d’amnistie ce qui lui attire les foudres des ultras-royalistes.

La difficulté du pouvoir

En 1818, le Traité d’Aix-la-Chapelle est signé. Son objectif est de réviser et de solder le traité de Paris de 1815 en diminuant les indemnités de guerre à payer, à accélérer le retrait des forces d’occupation notamment. Le succès de ce traité va permettre aux différentes forces politiques de favoriser l’ébranlement ministériel. Ces tensions ont pour conséquence la démission de Richelieu laquelle est refusée par le roi qui préfère éloigner son ministre de la Police Decazes. Malgré le remaniement, le nouveau gouvernement désormais plus à droite ne tient que quelques jours. Richelieu remet sa seconde démission à Louis XVIII qui l’accepte. L’ancien ministre de la Police Decazes est chargé de nommer le nouveau gouvernement en décembre 1818.

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L’assassinat du duc de Berry, prince de la maison de Bourbon et fils du futur Charles X provoque le retour de Richelieu. Rappelé aux affaires une seconde fois, il est désapprouvé par son aile gauche et son aile droite et perd le soutien du roi. Il démissionne une nouvelle fois en décembre 1821. Sa santé décline peu à peu, il meurt d’apoplexie le 17 mai 1822 sans héritier direct.

Ce texte a été initialement publié sur Billet de France.

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