L’hommage de Roland Lombardi, Directeur de la publication du Diplomate
C’est avec une immense tristesse que nous avons appris la disparition soudaine de David Vallat, un homme d’une rare profondeur, dont l’itinéraire de vie a marqué tous ceux qui ont eu la chance de le rencontrer. Collaborateur précieux pour Le Diplomate dès le début de l’aventure, David Vallat était bien plus qu’un simple contributeur : il était un homme habité par une quête de rédemption et une soif de vérité, qui transparaissaient dans chacun de ses écrits et prises de parole.
Après avoir lu et grandement apprécié son livre Terreur de jeunesse, aux éditions Calmann-Lévy (2016), je l’avais contacté afin qu’il rejoigne notre équipe d’auteurs et d’analystes en février 2023. Au fil de nos nombreux et longs échanges nous avions fini par sympathiser. Ses propos me frappaient toujours par leur clarté et leur sincérité. En un instant, il pouvait capter votre attention par la profondeur de son expérience et la finesse de ses analyses. Il avait cette capacité rare de transformer son propre vécu en un récit universel, touchant à l’essence de l’humanité et à la complexité de la condition humaine.
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David Vallat, ancien islamiste repenti, s’était réinventé pour devenir une figure emblématique de la lutte contre la radicalisation. Mais ce serait une erreur de le réduire à cette simple dimension. Derrière cette trajectoire de rédemption se cachait un homme d’une intelligence fulgurante, d’une grande sensibilité et d’une humanité qui touchait ceux qui croisaient sa route. Il était capable de voir au-delà des apparences, de comprendre les fractures qui traversent nos sociétés tout en gardant une foi inébranlable dans la possibilité de réconciliation et de guérison. Autodidacte, issu d’un milieu populaire, il incarnait à merveille ces « intellectuels populaires » (Cyril Garcia), souvent bien plus pertinents que les « sachants » des microcosmes académiques…
En tant que frère d’armes dans le combat des idées, David incarnait l’espoir d’un renouveau, la promesse que même les chemins les plus sombres peuvent conduire à la lumière. Ses textes, empreints d’une grande lucidité, étaient aussi marqués par une rare générosité. Ce n’était pas simplement un analyste, mais un homme qui portait en lui une compassion profonde, une empathie pour ceux qu’il avait côtoyés, qu’ils aient été victimes ou bourreaux. Son parcours faisait écho à une vision plus large du monde, celle où l’on refuse de céder au cynisme et où l’on croit encore en la capacité des hommes à se transcender.
Ce soir, c’est avec un cœur lourd que je pense à David. Il n’était pas seulement un collaborateur, il était devenu un ami, un frère d’armes, et pour beaucoup d’entre nous, un exemple. Son humour décapant, sa sensibilité à fleur de peau et son immense générosité d’âme laissent un vide béant.
David Vallat était aussi un père profondément attaché à sa fille, Sarouchka, à laquelle il faisait souvent allusion dans ses récits empreints de tendresse et de poésie. Ces moments intimes qu’il partageait avec elle révélaient une relation marquée par l’amour, la droiture et la complicité, un reflet de la force intérieure qui le caractérisait.
Aujourd’hui, c’est tout un monde qui perd une figure unique, un homme dont la lumière continue de briller au-delà des épreuves qu’il a traversées. Ton combat, tes écrits et ton âme résonneront longtemps en nous.
Toute l’équipe du Diplomate, notamment Angélique, qui avait fait l’un de ses premiers entretiens avec toi, et nos amis communs, Amélie Chelly, David Saforcada et Cyril Garcia, s’associent à moi pour te saluer une dernière fois…
Repose en paix l’Ami !
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Roland Lombardi est docteur en Histoire, géopolitologue, spécialiste du Moyen-Orient et des questions de sécurité et de défense. Fondateur et directeur de la publication du Diplomate.
Il est chargé de cours au DEMO – Département des Études du Moyen-Orient – d’Aix Marseille Université et enseigne la géopolitique à Excelia Business School de La Rochelle.
Il est régulièrement sollicité par les médias du monde arabe. Il est également chroniqueur international pour Al Ain. Il est l’auteur de nombreux articles académiques de référence notamment : « Israël et la nouvelle donne géopolitique au Moyen-Orient : quelles nouvelles menaces et quelles perspectives ? » in Enjeux géostratégiques au Moyen-Orient, Études Internationales, HEI – Université de Laval (Canada), VOLUME XLVII, Nos 2-3, Avril 2017, « Crise du Qatar : et si les véritables raisons étaient ailleurs ? », Les Cahiers de l’Orient, vol. 128, no. 4, 2017, « L’Égypte de Sissi : recul ou reconquête régionale ? » (p.158), in La Méditerranée stratégique – Laboratoire de la mondialisation, Revue de la Défense Nationale, Été 2019, n°822 sous la direction de Pascal Ausseur et Pierre Razoux, « Ambitions égyptiennes et israéliennes en Méditerranée orientale », Revue Conflits, N° 31, janvier-février 2021 et « Les errances de la politique de la France en Libye », Confluences Méditerranée, vol. 118, no. 3, 2021, pp. 89-104. Il est l’auteur d’Israël au secours de l’Algérie française, l’État hébreu et la guerre d’Algérie : 1954-1962 (Éditions Prolégomènes, 2009, réédité en 2015, 146 p.). Co-auteur de La guerre d’Algérie revisitée. Nouvelles générations, nouveaux regards. Sous la direction d’Aïssa Kadri, Moula Bouaziz et Tramor Quemeneur, aux éditions Karthala, Février 2015, Gaz naturel, la nouvelle donne, Frédéric Encel (dir.), Paris, PUF, Février 2016, Grands reporters, au cœur des conflits, avec Emmanuel Razavi, Bold, 2021 et La géopolitique au défi de l’islamisme, Éric Denécé et Alexandre Del Valle (dir.), Ellipses, Février 2022. Il a dirigé, pour la revue Orients Stratégiques, l’ouvrage collectif : Le Golfe persique, Nœud gordien d’une zone en conflictualité permanente, aux éditions L’Harmattan, janvier 2020.
Ses derniers ouvrages : Les Trente Honteuses, la fin de l’influence française dans le monde arabo-musulman (VA Éditions, Janvier 2020) – Préface d’Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement et de sécurité de la DGSE, Poutine d’Arabie (VA Éditions, 2020), Sommes-nous arrivés à la fin de l’histoire ? (VA Éditions, 2021), Abdel Fattah al-Sissi, le Bonaparte égyptien ? (VA Éditions, 2023).
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