La Chute d’Assad : Un séisme pour l’influence russe en Afrique ?

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Par Olivier d’Auzon

Le 8 décembre 2024, la chute brutale du régime de Bachar el-Assad a marqué un tournant majeur, bien au-delà des frontières du Moyen-Orient. En Afrique, où Moscou s’était imposée comme un acteur incontournable, cet effondrement ébranle les alliances et soulève des interrogations stratégiques. Selon Tanguy Berthemet, journaliste au Figaro spécialisé dans les relations africaines, “la perte de la Syrie met en lumière la vulnérabilité logistique et politique de la Russie, qui repose sur des bases extérieures essentielles pour maintenir son influence africaine.”

Une dépendance logistique cruciale

Depuis 2015, les bases de Tartous et de Hmeimim en Syrie servaient de plaques tournantes pour les opérations russes en Afrique. Ces infrastructures facilitaient le transit des avions cargo, qui manquent du rayon d’action nécessaire pour relier directement la Russie au continent africain. “Ces bases n’étaient pas seulement des outils militaires”, rappelle Tanguy Berthemet “elles étaient le socle logistique de la projection de puissance russe en Afrique, notamment dans le Sahel et l’Afrique centrale.” Sans ces points d’appui, le ravitaillement des contingents de Wagner et des forces spéciales russes devient un casse-tête logistique.

Les défaillances de Wagner

Les mercenaires de Wagner, colonne vertébrale de l’influence russe dans des pays comme le Mali, le Burkina Faso ou la Centrafrique, voient leur fiabilité remise en question. La déroute de Tin Zouatine, en juillet 2024, où 60 hommes de Wagner ont péri face aux rebelles maliens, a semé le doute dans les cercles dirigeants africains. “La confiance que les juntes africaines plaçaient dans Wagner reposait sur une perception de puissance invincible”, explique Berthemet. “Mais les revers militaires et l’incapacité de Moscou à défendre Assad en Syrie érodent cette image. Les régimes de Bamako et de Bangui commencent à douter de leur allié russe.”

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Un redéploiement difficile

Face à la perte de ses bases syriennes, Moscou explore des alternatives.

  • La Libye, où la Russie soutient Khalifa Haftar, offre des opportunités, mais les infrastructures portuaires comme celles de Benghazi restent rudimentaires.
  • Le Soudan, longtemps envisagé comme un partenaire stratégique, hésite à accueillir une base navale russe sur la mer Rouge malgré des promesses de livraisons d’armes modernes.
  • Des bases locales en Afrique, bien que nécessaires à long terme impliquent des investissements considérables et un délai incompatible avec les besoins immédiats.

“Toute tentative de redéploiement sera coûteuse et risquée”, analyse Berthemet. “La Russie doit non seulement résoudre des problèmes logistiques, mais aussi restaurer une crédibilité mise à mal.”

Les Alliés Africains s’impatientent

Dans le Sahel, où les juntes militaires comptaient sur Moscou pour asseoir leur pouvoir, l’absence de réaction face à la chute d’Assad a suscité des frustrations. “Les régimes de Bamako et de Ouagadougou ont cherché en la Russie un allié fiable et peu regardant sur les droits de l’homme. Si cette fiabilité est compromise, ils pourraient envisager d’autres options”, prévient Berthemet.

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Une opportunité pour les rivaux

Cette fragilisation de la Russie pourrait profiter à d’autres acteurs internationaux. La Chine et la Turquie, avec des approche pragmatiques et des investissements massifs, apparaissent comme des alternatives crédibles. Même les puissances occidentales, longtemps marginalisées dans certaines régions, pourraient regagner du terrain en exploitant les doutes croissants envers Moscou.

L’Avenir de l’influence russe

“La chute d’Assad est un coup dur pour Moscou, mais elle est aussi révélatrice des limites structurelles de la stratégie russe en Afrique”, conclut Berthemet. “Si le Kremlin ne parvient pas à rassurer ses partenaires africains, il risque de perdre une partie de l’influence qu’il avait durement acquise. L’évolution de la situation au Tchad, qui a récemment demandé le départ des troupes françaises, sera particulièrement surveillée. Elle pourrait symboliser un basculement dans les équilibres de pouvoir en Afrique, où la Russie devra se battre pour conserver sa place.

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