Par Alexandre Aoun
A l’heure de la visite du président ouzbek Shavkat Mirziyoyev en France les 12 et 13 mars, Paris occupe une place centrale dans le paysage diplomatique et économique de Tachkent. Les relations bilatérales se caractérisent aujourd’hui par une dynamique forte et un travail conjoint actif pour identifier de nouvelles opportunités d’investissement.
Les relations entre la France et l’Ouzbékistan ont été établies peu après l’indépendance du pays en 1991. En 1994, les deux nations signent un accord de partenariat, marquant le début d’une coopération diplomatique et économique. La visite du président François Mitterrand à Tachkent en 1994 renforce ces liens, suivie par celle du président ouzbek Islam Karimov à Paris en 1996. Ces relations se sont intensifiées avec la signature d’accords économiques et culturels, notamment dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures.
Une Coopération Structurée et Dynamique
L’Ouzbékistan et la France ont développé plusieurs formats de collaboration bilatérale efficaces, notamment à travers la Commission Intergouvernementale (CIG) sur la coopération économique et commerciale. Ces rencontres régulières permettent de suivre l’application des accords existants et de lever les obstacles entravant les relations commerciales. Depuis 2021, trois réunions se sont tenues, la dernière a eu lieu en 2024.
Par ailleurs, l’engagement avec le Mouvement des Entreprises de France International (MEDEF International), la plus grande organisation patronale française, joue un rôle clé dans l’expansion des entreprises françaises sur le marché ouzbek. Des délégations composées d’entreprises majeures telles qu’Airbus, TotalEnergies, EDF, Alstom et Suez ont déjà effectué plusieurs visites à Tachkent, accompagnées d’un forum d’affaires en janvier 2024.
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Un Renforcement des relations commerciales
Les relations entre l’Ouzbékistan et la France ont connu un essor significatif avec la visite du président ouzbek Shavkat Mirziyoyev à Paris en novembre 2022 et celle du président Emmanuel Macron à Samarcande en novembre 2023. Ces visites ont donné lieu à d’importants accords économiques et commerciaux, dont la création de la Chambre économique Ouzbékistan-France, inaugurée à Tachkent en avril 2024. Cette structure regroupe plus de 50 entreprises et entrepreneurs des deux pays, facilitant les relations avec les institutions publiques et veillant à l’amélioration du climat des affaires.
Plusieurs entreprises françaises ont établi leur présence en Ouzbékistan, contribuant au développement économique du pays et renforçant les relations bilatérales. Parmi elles :
- Geocoton : Anciennement connue sous le nom de Dagris, cette entreprise est active en Ouzbékistan depuis 2000, se concentrant sur le secteur du coton.
- JCDecaux : Spécialisée dans la publicité urbaine, JCDecaux opère en Ouzbékistan depuis 2006, fournissant des solutions d’affichage publicitaire dans les espaces publics.
- Orano : Présente dans le pays depuis 2019, cette entreprise du secteur de l’énergie a signé en novembre 2022 un accord de coopération stratégique avec le producteur ouzbek d’uranium, Navoiyuran, visant à moderniser les activités minières selon le modèle français.
Ces entreprises illustrent la diversité et la profondeur de l’engagement économique français en Ouzbékistan, couvrant des secteurs clés tels que l’agriculture, la publicité et l’énergie.
Les efforts conjoints ont permis une augmentation remarquable du commerce bilatéral, passé de 280 millions de dollars en 2021 à plus de 1,1 milliard en 2024. Les principaux secteurs concernés incluent la chimie, les résines, les extraits végétaux, la mécanique, les huiles essentielles, les cosmiques, l’agroalimentaire et les produits pharmaceutiques.
La confiance des investisseurs français dans le climat économique ouzbek est également en hausse. Actuellement, 50 entreprises à capitaux français opèrent en Ouzbékistan, couvrant des secteurs variés comme la construction, le tourisme, les services et l’agriculture. Parmi elles, 28 sont des co-entreprises et 22 sont entièrement détenues par des investisseurs français. A ce titre, la France collabore avec les autorités ouzbeks dans la mise en valeur du patrimoine historique. L’Ouzbékistan recèle de joyaux architecturaux datant de l’époque timouride et même remontant à Alexandre le Grand.
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Des Investissements Stratégiques dans les Infrastructures et l’Énergie
Les deux pays ont mis en place un portefeuille d’investissements et de contrats commerciaux d’une valeur de plus de 8,3 milliards de dollars, couvrant des domaines comme la gestion de l’eau, l’énergie, le tourisme, l’agriculture, l’aéronautique et les transports.
Dans le domaine énergétique, Voltalia construit une centrale hybride solaire-éolienne dans la région de Boukhara, tandis qu’Orano Mining collabore à l’extraction et au traitement de matières premières critiques. En matière d’infrastructure, Suez travaille à l’amélioration de l’approvisionnement en eau potable de la région de Sourkhandarya dans le sud du pays proche de la frontière afghane, et Eiffage est chargée de la construction de l’ouvrage hydraulique « Yakkabog-Karshi ». Dans le secteur des transports, Alstom développe des lignes de tramway modernes à Tachkent, tandis qu’en tourisme, le groupe MND participe à l’aménagement d’une station de ski à Chimgan.
De surcroît, un partenariat stratégique avec Airbus est en cours, incluant une collaboration avec les universités ouzbèkes, la formation des enseignants dans les centres d’Airbus Beyond et l’École nationale de l’aviation civile (ENAC), ainsi que la fourniture d’avions civils, d’hélicoptères médicaux et d’autres équipements aéronautiques.
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Vers une Intégration Accrue sur les Marchés Internationaux
L’Ouzbékistan et la France perçoivent leur coopération économique comme une opportunité stratégique, permettant aux entreprises des deux pays d’accéder à de nouveaux marchés, notamment celui de l’Union européenne et de la Communauté des États Indépendants (CEI). L’Ouzbékistan bénéficie également du régime commercial GSP+. Il s’agit d’un système préférentiel accordé par l’Union européenne à certains pays en développement. Il permet à ces pays d’exporter une large gamme de produits vers l’UE avec des droits de douane réduits ou nuls, en échange du respect de 27 conventions internationales portant sur les droits de l’homme, les normes du travail, l’environnement et la gouvernance. Tachkent bénéficie de ce régime depuis avril 2021, ce qui lui offre un accès préférentiel au marché européen pour plus de 6 200 produits.
Les experts s’accordent à dire que, malgré la distance géographique, le potentiel de coopération entre l’Ouzbékistan et la France est immense. Le moment est venu d’exploiter pleinement ces opportunités pour renforcer et diversifier encore davantage leur partenariat économique et commercial. La venue du président Shavkat Mirziyoyev répond pleinement à cet objectif.
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