Par Le Diplomate
Alors que l’armée russe enregistre sa progression la plus importante depuis plus d’un an dans l’est de l’Ukraine, Vladimir Poutine arrive à un sommet stratégique avec Donald Trump en Alaska en position de force. Cette dynamique met l’Europe face à ses erreurs qui auront causé le plus grand désastre géostratégique de ces dernières décennies…
Une poussée russe qui dépasse le simple champ de bataille
Dans les dernières 24 heures, Moscou a revendiqué la prise de nouvelles positions dans la région de Donetsk, consolidant plus de 110 km² de gains en une journée. Pour l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW), c’est la progression la plus rapide depuis mai 2024.
Plus que l’importance territoriale, c’est la symbolique de cette accélération qui compte : démonstration de force, preuve de la capacité d’initiative et message clair envoyé aux interlocuteurs internationaux.
Les frappes aériennes se sont intensifiées : une cinquantaine de drones et deux missiles balistiques ont visé les infrastructures ukrainiennes dans la nuit, tandis que Kiev ordonnait l’évacuation de plusieurs localités proches de la ligne de front. L’effet est double : pression militaire sur le terrain et pression psychologique sur la population.
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Un calendrier qui sert Moscou : Quand Poutine dicte le tempo avant l’Alaska
Cette offensive coïncide avec un moment clé : le sommet prévu ce vendredi en Alaska entre Vladimir Poutine et Donald Trump.
En langage de Realpolitik, Poutine applique une règle simple : arriver à la table des négociations avec des faits accomplis. Le terrain conquis devient ainsi une monnaie d’échange diplomatique.
Selon plusieurs sources occidentales, Moscou chercherait à obtenir une forme de reconnaissance implicite de ses acquis territoriaux, notamment dans le Donbass, en échange d’un gel des opérations.
Pour l’Ukraine, ce scénario reviendrait à figer une ligne de front favorable à la Russie, offrant à cette dernière le temps de reconstituer ses forces.
Trump entre fermeté affichée et flou stratégique
À 24h de son tête-à-tête avec Poutine, Donald Trump a prévenu qu’« il y aura des conséquences très graves » si la Russie ne met pas fin à la guerre. Mais l’absence de précision sur la nature de ces mesures entretient le flou.
En parallèle, Trump s’est entretenu en visioconférence avec Emmanuel Macron, Keir Starmer, Friedrich Merz et Volodymyr Zelensky. Objectif : afficher une unité occidentale. Problème : cette unité est plus verbale que stratégique.
Cette ambiguïté, classique dans la méthode Trump, peut servir de levier tactique. Mais elle nourrit aussi, côté européen, une incertitude et une crainte qui affaiblissent la capacité à anticiper.
Pour Roland Lombardi, directeur de la rédaction du Diplomate, : « Trump se fout royalement de l’avis des responsables européens. Ils ne comptent pas, sauf pour torpiller toutes les tentatives de paix ! Trump a d’autres problèmes plus importants. Sa priorité c’est de se débarrasser de ce boulet ukrainien qui n’a aucun intérêt pour lui – et pour les Européens, mais personne ne veut l’entendre depuis 3 ans ! Il faut rapidement qu’il parvienne à normaliser, au moins partiellement, ses relations avec Moscou qui est un pivot incontournable dans sa rivalité avec la Chine. C’est aussi simple que cela. De plus, il sait pertinemment que les petits dirigeants européens ne veulent pas de paix en Ukraine – et donc une victoire russe – car cela les discréditerait une fois de plus – et c’est déjà fortement le cas ! – auprès de leurs administrés puisque toutes leurs propagandes, leurs mensonges et le flot de milliards déversés à Kiev pendant plus de 3 ans n’auront au final servi strictement à rien ! Enfin, Trump n’est absolument pas dupe de leur hypocrisie macabre : il sait très bien qu’ils veulent poursuivre le conflit car ils ne sont que les petits télégraphistes et les pitoyables obligés des néoconservateurs et de l’omnipotent complexe militaro-industriel américains, les mêmes qui œuvrent à sa chute à Washington ! »
L’Europe face à sa dépendance stratégique
Pour de nombreux observateurs, l’épisode confirme un constat désormais évident : l’Europe reste dépendante du parapluie sécuritaire américain.
Comme le souligne la politiste Anastasia Fomitchova, une négociation prématurée, sans soutien matériel conséquent à Kiev, ne ferait que renforcer Moscou.
Des voix s’élèvent, notamment en Europe centrale, pour relancer l’idée d’une “Europe puissance” : réinvestissement massif dans l’industrie de défense, coordination des capacités militaires et diplomatie plus cohérente.
Et Roland Lombardi de conclure : « “L’Europe puissance” est une chimère pour les naïfs. Elle ne peut exister avec une caste dirigeante déconnectée du réel, bouffie d’idéologies hors-sol et qui, aux dépens des seuls intérêts des peuples Européens et au mépris des morts ukrainiens, ne sert au final que les profits des marchands d’armes américains ! Or, les faits et le réel imposent une nouvelle fois une vérité : dans un monde de rapports de force, seule la puissance – et non la méthode Coué – compte ».
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