Le cinéma n’est pas seulement un art ou une industrie : il est aussi un formidable outil de mémoire et de découverte. Les paysages, les monuments et les villes filmés deviennent autant de décors mythiques que des millions de spectateurs rêvent un jour de visiter. C’est précisément sur cette idée que repose CinéVisit, un projet d’application innovant qui ambitionne de lier tourisme et septième art.
À l’heure où la technologie transforme notre rapport à la culture et au voyage, CinéVisit illustre la capacité d’innovation du secteur culturel français. En reliant émotions cinématographiques et découverte patrimoniale, ce beau projet entend offrir une expérience à la fois ludique, éducative et immersive.
Une nouvelle façon, en somme, de « voir » la France — par le prisme du cinéma.
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Nous avons rencontré Lionel Lacour, historien du cinéma, initiateur et chroniqueur régulier du Diplomate médiadans la rubrique Cinéma et Géopolitique, et porteur du projet, pour en savoir plus sur cette initiative qui pourrait bien redessiner les contours du ciné-tourisme en France.
Le site Lionel Lacour : www.cinesium.fr
Et pour soutenir le projet c’est ici : CinéVisit
Propos recueillis par Angélique Bouchard
Le Diplomate : Comment est née l’idée de CinéVisit ?
Lionel Lacour : L’idée est née d’une conférence « Lyon au cinéma », il y a plus de 10 ans. J’avais l’impression de me promener dans la ville que je connaissais. Les monuments essentiels, les quartiers principaux étaient magnifiés par le cinéma. Je me suis alors dit qu’il serait formidable de pouvoir regarder ces extraits à l’endroit exact où ils avaient été tournés. Voir Lino Ventura et Simone Signoret sur l’esplanade de Fourvière, Philippe Noiret dans le Parc de la tête d’or, ou même Daniel Day Lewis dans une rue du Vieux Lyon, cela me semblait une expérience formidable à vivre. Alors l’idée de mettre ces extraits sur le téléphone est née. Puis après plusieurs expériences et plusieurs années, l’idée de faire cette application est devenue une évidence.
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Concrètement, comment fonctionnera l’application et quelles seront ses principales fonctionnalités ?
Les utilisateurs pourront se rendre dans une ville et faire une ciné-balade. Par géolocalisation, ils seront conduits d’un lieu de tournage à un autre. Pour chaque étape, il y aura un extrait de film qu’ils pourront regarder à l’endroit exact du tournage. Puis ils répondront à un quiz correspondant au film ou au site. L’idée est de pouvoir visiter de manière immersive dans un immense décor de cinéma. L’objectif est aussi de pouvoir acheter de son application des tickets d’entrée des musées et monuments partenaires de l’application, que ce soit à Lyon, Cannes, Paris ou dans chaque ville où CinéVisit proposera des balades.
Vous évoquez des parcours géolocalisés et des expériences interactives : pouvez-vous nous en dire davantage sur ce que vivront les utilisateurs ?
L’idée est vraiment que le touriste puisse vivre une expérience unique. L’application sera gratuite et permettra de visionner les extraits des films dans leur décor naturel. La réalité augmentée sera d’ailleurs au programme pour certaines étapes pour renforcer les sensations de décor de cinéma mais aussi pour se rendre compte des modifications du paysage ou des constructions. Il sera également laissé une place importante pour l’interaction entre site, application et utilisateurs avec la possibilité de se prendre en photo devant les lieux de tournage comme les personnages de films pour les partager sur les réseaux sociaux. L’idée est de créer une communauté d’utilisateurs qui pourront aussi proposer d’autres lieux de tournage de films mais aussi de séries.
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À quel public s’adresse CinéVisit et quelle est la philosophie derrière ce projet ?
Le public ciblé est en réalité double. Il y a ceux qui comme des millions de cinéphiles choisissent leurs voyages en fonction des films dont ils souhaitent découvrir les décors. Mais CinéVisit s’adresse également aux touristes qui une fois sur place, souhaitent découvrir une ville de manière décalée, en autonomie, sans la contrainte d’un guide ou d’un groupe et en s’amusant. Que cela soit en famille ou entre amis. L’idée est de finalement servir deux patrimoines : celui touristique comme celui cinématographique. Car la découverte de ces sites a aussi pour ambition de donner envie aux touristes de revoir les films dont ils auront vu les extraits. D’ailleurs, chaque extrait sera accompagné d’un lien pour voir le film en VOD ou pour l’acheter en support physique : DVD ou Blu Ray.
Enfin, CinéVisit s’adresse aussi à des touristes d’affaire pouvant visiter les villes quand tout est fermé mais également aux touristes étrangers avec des versions multilingues.
Vous insistez également sur la valorisation du patrimoine et des territoires : comment CinéVisit peut-il contribuer à un nouveau type de tourisme culturel ? Et connaissant votre goût pour la politique et les affaires internationales – vous êtes l’initiateur et notre principal contributeur de la rubrique Cinéma et Géopolitique sur Le Diplomate –, peut-on penser également à des visites sur ces thématiques à l’avenir ?
CinéVisit s’appuie d’abord sur une réalité économique. Le château d’If a connu une croissance de fréquentation de 30% après la sortie du film Le Comte de Monte Cristo. Et d’après le CNC, 1 Français sur 4 a visité un lieu de tournage dans l’année en 2024. Cela montre qu’il y a une envie presque fétichiste de vivre même par procuration là où les héros des films se sont retrouvés. D’ailleurs les collectivités locales investissent dans le cinéma qui sert de vitrine à leurs territoires.
La variété du cinéma permettra donc de proposer des balades avec des films classiques ou plus contemporains. Et il y a en effet des villes qui permettront des visites thématiques ou pouvant aborder des questions géopolitiques. Mais le maître mot sera avant tout de remettre les films et les décors dans leur contexte de production pour les rendre accessibles à tous les spectateurs.
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Le projet repose-t-il sur des partenariats institutionnels ou privés ? Comment est-il financé ?
Le projet est soutenu par la région Auvergne-Rhône-Alpes et par la CCI de Lyon au travers de la structure Nova Cité. J’ai eu également le soutien du Festival Lumière qui m’avait permis de présenter le concept au Marché International du Film Classique en 2023. Le financement est sur fonds propres, avec l’aide de la famille, mais également par crowd-funding dans une campagne qui se finit normalement Dimanche 19 octobre 2025 mais que nous prolongerons de quelques jours.
L’application sera gratuite, mais avec une version payante : pouvez-vous préciser les différences entre ces deux formules ?
La version gratuite offrira toutes les fonctionnalités. Les touristes pourront donc visiter les villes sans contrainte et avec les extraits de films. La version payante sera une version avec abonnement mensuel modeste (moins de 5 €) permettant de recourir à la réalité augmentée, de bénéficier de réductions sur les entrées des musées partenaires, de valoriser les points des quiz.
Où en est aujourd’hui le développement de CinéVisit et quelles sont les prochaines étapes du projet ?
La production de l’application a commencé début octobre et elle devrait être prête dans le premier trimestre 2026. Il restera à construire les premières balades puis convaincre les premiers partenaires (collectivités, distributeurs, institutions touristiques) pour que le lancement officiel de l’application propose au moins 3 villes et 5 balades.
À plus long terme, quelles sont vos ambitions pour CinéVisit en France et à l’international ? On pense d’abord et bien sûr aux États-Unis, le pays phare du cinéma moderne ?
L’ambition est forte. L’idée est de couvrir la France en 3 ans, même si des nouvelles villes et nouvelles balades continueront à être proposées ensuite. Puis de toucher des villes européennes dans les deux années qui suivront et enfin créer des balades au-delà après 5 ans.
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