Par Angélique Bouchard
Le DOGE de Musk s’attaque à l’USAID, « un nid de vipères marxistes radicaux de gauche » à « empreinte mondiale »
Elon Musk a déclaré qu’il était temps pour l’USAID de « mourir ».
Plus de 50 hauts responsables de l’USAID ont été placés en congé administratif (90 jours) et soumis à une « ordonnance de bâillonnement », ce qui signifie qu’ils n’ont pas été autorisés à communiquer avec « quiconque » en dehors de l’agence, sans autorisation préalable.
La suspension des financements par le Département d’État, par le Secrétaire d’État, Marco Rubio, agissant sur décret de Trump, engage une suppression des milliers de programmes humanitaires et de développement financés par les États-Unis, dans le monde entier et force les organisations humanitaires à licencier des centaines d’employés.
La signalétique a été également retirée du siège de l’USAID dans le bâtiment Ronald Reagan, à Washington, DC, et l’équipe du DOGE, Département de l’efficacité gouvernementale, a pris le contrôle des systèmes informatiques.
L’agence USAID est chargée de distribuer l’aide étrangère civile et l’aide au développement dans le monde entier. Selon le Congressional Research Service, l’agence a géré environ 40 milliards de dollars de crédits l’année dernière (Source : CRS Reports.gov).
Après s’être vu initialement refuser l’accès aux informations classifiées de l’USAID, le DOGE a obtenu l’accès, le samedi 1er février 2025 et a pu consulter des rapports de renseignements.
Résultat : Donald Trump a mis en congé deux hauts responsables de la sécurité de l’USAID.
Dimanche 2 février, Elon Musk a pris pour cible l’USAID, sur sa plateforme X, écrivant :
« L’USAID est une organisation criminelle. Il est temps qu’elle meure ».
« L’USAID est un nid de vipères de marxistes radicaux de gauche qui détestent l’Amérique ».
« L’USAID est diabolique ».
Cette dernière réponse fait écho à une publication suggérant que l’USAID avait aidé à financer la recherche sur le coronavirus à Wuhan, en Chine.
« Gaspillage et abus » : Joni Ernst lève le voile sur « les fonds prétendument classifiés » de l’USAID – des cours de poterie marocaine, à la Fashion Week parisienne en passant par la culture afghane de l’opium….
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La sénatrice républicaine de l’Iowa, Joni Ernst, a engagé une série de publications sur X et note que les millions de dollars d’aides des contribuables américains auraient été détournés pour « financer les bonnes causes » et ont « fini entre les mains des mauvais acteurs » (Source : https://x.com/SenJoniErnst/status/, X )
Elle a évoqué les 9 millions de dollars d’aide humanitaire destinée à nourrir les civils en Syrie, qui auraient fini entre les mains de terroristes ainsi que 2 millions de dollars supplémentaires dépensés pour des cours de poterie marocaine et leur promotion sur le net. D’autres projets comprenaient une aide commerciale destinée à l’Ukraine pour payer les mannequins participant aux Fashion Weeks de New-York, Londres et de Paris, ainsi que des millions dépensés pour aider les Afghans à cultiver de l’opium.
« Les résultats : la culture du pavot à l’opium a presque doublé dans tout le pays, selon l’ONU » a-t-elle écrit.
Joni Ernst accuse l’USAID de faire de « l’obstruction », dans un contexte d’allégations de « gaspillage et d’abus des dépenses ». L’USAID aurait littéralement « bloqué » son bureau pendant des années, alors qu’elle cherchait à mettre la main sur des documents attestant du gaspillage et du détournement de l’argent public au sein de l’agence.
« Les dépenses de l’USAID témoignent d’un mépris flagrant pour les contribuables américains et il est temps de bouleverser le système. L’agence a gaspillé des millions de dollars comme le tourisme au Liban, Sesame Street en Irak, l’envoi d’Ukrainiennes à la Fashion Week de Paris et bien d’autres choses encore » (Source : Fox News)
La républicaine de l’Iowa affirme même que l’USAID a induit son personnel en erreur en lui faisant croire que des informations sur les fonds, destinés à des entreprises en Ukraine, étaient classifiées, alors que ces fonds étaient destinés à financer des voyages en Europe pour des défilés de mode et festivals de cinéma.
En 2024, après des mois de retard, l’USAID a finalement accepté de présenter lesdits documents au cabinet de Ernst, en l’occurrence l’examen des bénéficiaires de l’aide financée par les contribuables américains, destinée aux entreprises ukrainiennes. L’agence aurait insisté pour que les documents transitent par le centre de traitement des données sensibles (SCIF), suggérant que les documents étaient classifiés.
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« Ces exigences ont été présentées à mon personnel sous le faux prétexte que ces données étaient classifiées. Ce n’est qu’après avoir demandé à parler au Bureau de la sécurité de l’USAID, que mon personnel a découvert que les données n’étaient en fait pas classifiées » a écrit Ernst à Rubio.
Après enquête minutieuse, il semble que plus de 5 000 entreprises ukrainiennes aient reçu une aide financée par les contribuables américains à hauteur de 2 millions de dollars, renouvelée une fois. Cette aide a été utilisée dans certains cas pour financer la participation des Exécutifs de ces entreprises à la participation de festivals de cinéma prestigieux et de défilés de mode, dans des villes comme Berlin, Londres, Paris et las Vegas.
Ernst a également mis en accusation l’agence pour avoir induit en erreur son bureau sur les coûts de l’aide indirecte. Les accords négociés sur les coûts indirects (NICRA) ont permis aux entrepreneurs d’utiliser plus de 25% du montant total de l’aide pour le financement du loyer du siège social d’un partenaire, de frais de plaidoyers ou en « dépenses diverses ».
L’USAID, contactée en 2022 par Joni Ernst, sur la réalité des bénéficiaires de ces subventions dans le cadre des NICRA, a répondu :
« L’USAID ne dispose pas d’un système pour suivre ou rendre compte de ces données, car il n’est pas possible de comparer les coûts indirects entre les organisations à but lucratif et à but non lucratif ».
Le manque de transparence était alarmant car selon, la sénatrice de l’Iowa, les tarifs de la NICRA, dépassaient « de loin la fourchette de coûts indirects autorisés par le personnel ».
Ernst a également pointé du doigt, dans son rapport Chemonics, un sous-traitant de l’agence USAID, qui, selon un inspecteur général, aurait surfacturé le gouvernement américain de 270 millions de dollars au cours de l’exercice 2019.
Chemonics a dirigé un projet de 9, 5 milliards de dollars pour l’USAID, en faveur de l’amélioration des chaînes d’approvisionnement mondiales en matériel de santé. L’enquête s’est soldée par 41 arrestations et 31 inculpations liées à la revente illicite de produits financés par l’USAID sur le marché noir ainsi que des condamnations en lien avec la présentation de faux résultats d’études dans le cadre du maintien des contrats entre Chemonics et l’USAID.
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L’USAID a fait l’objet d’un examen minutieux en raison de ses dépenses consacrées à « des causes », qui selon ses détracteurs, ne favorisent pas l’intérêt national des États-Unis.
« Pendant des décennies, l’Agence américaine pour le développement international (USAID) n’a pas rendu de comptes aux contribuables, alors qu’elle acheminait des sommes massives d’argent vers des projets ridicules et dans de nombreux cas, malveillants- de bureaucrates bien établis, avec pratiquement aucune surveillance », a déclaré la Maison Blanche, lundi 3 février (Source : Fox News)
L’USAID a alloué des millions de dollars à des programmes que l’administration Trump considère comme controversés et qui impliquent fréquemment des initiatives (DEI), « Diversité, Equité et Inclusion », encouragée par la précédente administration démocrate.
Lors d’une interview avec Fox News, Marco Rubio, le Secrétaire d’État des États-Unis, a déclaré que l’USAID était fondamentalement devenue une agence qui « croit qu’elle n’est même pas une agence du gouvernement américain »
« Ils sont une organisation caritative mondiale. Ils prennent l’argent des contribuables et le dépensent comme une organisation caritative mondiale, que ce soit dans l’intérêt national ou non. » (Source : Fox News).
Rubio a déclaré que l’USAID est loin d’être coopérative et sape le travail de l’administration américaine en place. Chaque dollar donné à l’UASID doit être examiné de près.
Peter Marocco, le directeur de l’aide étrangère, au Département d’État, fraîchement nommé par Marco Rubio, pour diriger l’USAID, a déclaré que ceux qui ne se conformeraient pas à l’ordre, seraient évacués par l’armée (Source : CBS News).
Dans un communiqué de presse, l’USAID a déclaré que le personnel en charge des « fonctions essentielles à la mission, du leadership de base et des programmes spéciaux », continuerait à travailler.
La plupart des employés de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), à travers le monde, seront placés en congé administratif, a annoncé, l’agence le 4 février dernier. Les informations indiquent que les Missions de l’Agence à l’étranger auraient reçu l’ordre strict de fermer et que des membres du personnel seraient rappelés aux États-Unis, en une une semaine.
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Musk cible Medicare et Medicaid : « Yeah, this is the big money fraud is happening »
Le Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) d’Elon Musk travaille en lien avec les centres Medicare et Medicaid (CMS) et a eu accès aux systèmes de paiement et de contractualisation, à la recherche de fraudes potentielles.
Cette nouvelle campagne intervient quelques jours seulement après que le DOGE a ciblé l’USAID, générant le licenciement de 50 hauts responsables et l’intégration de l’organisation au Département d’État.
« Nous adoptons une approche réfléchie pour voir où il pourrait y avoir des opportunités pour une utilisation plus efficace et efficiente des ressources conformément aux objectifs du Président Trump » a déclaré le CMS.
Le Wall Street Journal a déjà révélé que Musk souhaite traquer « les grosses fraudes financières » de l’agence. Le WSJ rapporte que les collaborateurs de Musk n’ont pas eu accès aux bases de données qui incluent des informations personnelles identifiables sur la santé des personnes inscrites à Medicare ou Medicaid.
Le CMS supervise Medicare, le programme de couverture santé pour les Américains âgés et handicapés et Medicaid, pour les personnes à faible revenus, qui fournit une assurance à plus de 160 millions de citoyens américains, ainsi que le Children’s Health Insurance Program et les bourses Affordable Care Act. Les dépenses enregistrées atteignent environ 1,5 milliards de dollars pour l’exercice 2024, soit 22% du budget fédéral. L’agence emploie plus de 6 700 fonctionnaires fédéraux.
Le CMS est régulièrement confronté à des paiements abusifs qui représenteraient une « fraude ou abus » mais qui selon l’administration Trump, peuvent être également dus à l’omission d’une étape dans le process administratif, soit par un État, un entrepreneur ou encore un fournisseur.
Les conseillers du DOGE estiment que le gouvernement fédéral injecte trop d’argent dans le plan Medicare Advantage géré par le secteur privé et qui couvre désormais la moitié des seniors Américains du pays. Les dépenses fédérales ont ainsi augmenté pour ces deux programmes de près de 80% au cours de la dernière décennie et la croissance de ces programmes de santé devrait se poursuivre.
Le DOGE affirme vouloir économise environ 2 000 milliards de dollars dans les dépenses publiques.
De plus, le Governement Accountability Office, a déclaré dans un rapport du 16 avril 2024 , que les deux programmes Medicare et Medicaid représentent près de 43% des paiements indus effectués sur l’ensemble des agences fédérales auditées en 2023.
Donald Trump a limogé l’inspectrice générale du HHS, Christi Grimm la semaine dernière.
Pour les observateurs politiques, il est évident que le DOGE intervienne et se concentre sur les irrégularités de gestion dans les programmes de santé américains.
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Diplômée de la Business School de La Rochelle (Excelia – Bachelor Communication et Stratégies Digitales) et du CELSA – Sorbonne Université, Angélique Bouchard, 25 ans, est titulaire d’un Master 2 de recherche, spécialisation « Géopolitique des médias ». Elle est journaliste indépendante et travaille pour de nombreux médias. Elle est en charge des grands entretiens pour Le Dialogue.